Par François Richet
Laventure
de Royan-Fréquence à été pour ceux qui lont
vécue, comme moi, exaltante et passionnante pendant plusieurs années.
Longtemps, RF a été vraiment libre. Libre dans le ton, détachée
des pouvoirs politiques et des puissances financières et animée
par des gens passionnés qui avaient envie de faire plaisir à leurs
auditeurs en simaginant vraiment à leur place la proximité
facilitant cette démarche daltérité. Très
forte était la volonté dapporter quelque chose de nouveau
dans le ton, la forme et les idées à la Radio, considérée
comme Le Média majuscule.
Hélas, au fil du temps, les choses ont bien changé, la liberté
et linvention ont disparu, avant que la station elle-même ne passe
de vie à trépas.
Mon but nest pas de faire le procès de ce qui au fil des années
a favorisé cet état de chose : les causes sont multiples
et pour la plupart exogènes, et de nombreuses pages ont déjà
été écrites sur la gestion de la bande FM en France par
les décideurs politiques successifs.
Je veux tout simplement vous raconter laventure de Royan Fréquence
96 dont jai vécu léclosion le 1 er juillet 1981, que
jai accompagnée pendant huit ans en laimant passionnément.
C'est sur cette période d'effervescence des ondes que je mets plus particulièrement
l'accent.
Pour
des raisons personnelles Philippe Tranchet, l'un des principaux créateurs
de Royan Fréquence, ne souhaite pas raconter l'histoire de la NAISSANCE
DE RF. En conséquence, ce qui suit est exempt de son témoignage
et de références explicites le concernant.
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1981-82 LA RADIO LIBRE | |
Le premier
noyau des créateurs de la radio étant constitué par
trois personnes dont Alain Péricaud et « Boule »
(Ahmed Taraft), tout
commence le premier juillet 1981, à 20 heures, dans un endroit
grand comme un placard et demi, qui après avoir vu linstallation
de deux tourne-disques, une platine cassettes, et une table de mixage
surmontée dun micro, prend le nom de studio
Ah, joubliais
lémetteur, format « Petit Larousse »,
dont le couvercle est démonté pour que le ventilateur « Calor »
puisse officier
Lun des côtés du studio, installé
dans feu le Casino de Royan, donne sur les jardins, et sur la plage. Cette
paroi, 100 % vitrée, est orientée au sud. Ambiance
tropicale, vue imprenable ! Côté
auditoire quel choc que larrivé de
Trois radios libres !
Car à quelques jours dintervalle deux radios concurrentes
RCB et FMR (qui fidèle à son nom ne durera que
quelques semaines) se créent. Cet été-là,
et sans que lon puisse sappuyer sur aucune étude de
sondage, naturellement, il est probable que les radios libres connaissent
des records daudience. Le phénomène de mode aidant,
on peut les entendre partout à linfini, avec limpression
que peuvent produire deux miroirs face à face : Terrasses
de cafés du Front de Mer, autoradios poussés à fond,
bribes volées au passage devant des fenêtres ouvertes
Très
rapidement, léquipe de départ sétoffe
danimateurs chaque jour plus nombreux, qui naturellement, sont tous
bénévoles. On peut citer, entre autres, « Patou
J » (Patrick Janvier), Christian Auger, « Globule »
(Philippe Gautier), Fabien Sarfati, Marylou Richet, « Phil
Godo » (Philippe Tournou), Eliette Bertin, Jean Gagnadre, Jacques
Machefert, Bernard Biot, et moi-même. Mais lantenne est également
ouverte à qui le désire, en tant quanimateurs ou co-animateurs
et de nombreuses personnes passent sur les ondes pour une heure, une semaine
ou deux jours
Côté
contenu, la musique est reine, et à lépoque cela constitue
une véritable révolution. Il suffit de se souvenir que pendant
des années José Artur, sur France Inter, aimait à
rappeler que le Pop Club était la seule émission à
faire écouter des morceaux dune durée supérieure
à 3 minutes 30. Là, tout soudain, des plages musicales peuvent
durer une heure sans parole ! 1
La programmation musicale est faite à 100 % en fonction du
goût des animateurs, mais, malgré tout, chaque radio a sa
couleur : RCB très « variétés françaises
commerciale », FMR plutôt rock, et Royan Fréquence
diffusant un mélange de rock californien, de mélodies en
provenance dhorizons variés (Beatles, Voulzy, jazz
),
de musique du monde (notamment dAfrique), de chanson française,
et de disques des années 50 et 60 (yé-yé, rock).
Le disque le plus diffusé au cours de lété
81 est incontestablement « jaime regarder les filles
qui marchent sur la plage » de Coutin. Si, au
cours de ces premières semaines dexistence de la radio, la
musique constitue lessentiel des programmes, on y parle aussi. Les
artistes de passage au Casino sont interviewés, les auditeurs interviennent
sur lantenne (via le savant bidouillage dun téléphone
à la belle couleur orange). Que disent-ils ? On peut résumer
lessentiel de leurs propos ainsi : « Bravo, cest
génial davoir une radio libre à Royan, la musique
est meilleure sur RF2 que chez vos concurrents ».
La parole leur est également donnée dans une émission
(Fou dRoyan de Fabien Sarfati) dont le but est dinventer une
histoire : lanimateur raconte le début, et chaque auditeur
intervenant sur lantenne invente la suite. La tonalité est
poétique ou policière selon les jours. Il ny
a rien là de révolutionnaire, loin de là, et lon
commence à se dire que les politiques, qui depuis si longtemps
semblaient craindre la liberté des ondes en tant que vecteur dopposition
virulente, nont vraiment rien à craindre. En vérité,
chacun veut se faire plaisir avec un joujou qui fait envie depuis des
années, et désire, en passant de lautre côté
du miroir faire lémission quil aimerait écouter
en tant quauditeur. À
la rentrée, en octobre, les choses changent un peu. Tout dabord
on déménage vers un local plus spacieux. Il nest pas
question dinvestir, les recettes étant au niveau zéro.
Après avoir envisagé diverses solutions, la seule possible,
est une demande de prêt de local à titre gracieux par la
Ville. Ceci nécessite une officialisation de la radio et conduit
à la création dune association « loi 1901 »
(déclarée à la préfecture le 30/09/81). Officiellement,
lassociation comprenait trois membres. La Ville,
son maire étant Monsieur Lis (père de Michel Lis « le
jardinier de France Inter ») nous attribue un local relativement
spacieux, et surtout magnifiquement situé à létage
du Palais des Congrès, avec vue imprenable sur le port et la mer.
La radio sy installe en fin dannée après avoir
transité par un studio de fortune pendant les travaux dinstallation. La radio
est vraiment libre, la meilleure preuve étant que lon peut
sexprimer sans contrôle y compris pour critiquer certaines
actions municipales ; ce dont on ne se prive pas, dans les émissions
humoristiques comme dans les informations. Au cours de lhiver 81-82, lamateurisme intégral des débuts fait place à une amorce de politique de programme, via la mise en place dune grille. Bien sûr, les horaires des émissions sont souvent fonction des possibilités des animateurs, mais une recherche de cohérence est à luvre sous limpulsion dAlain Péricaud, qui fait office de directeur des programmes. De même une recherche de professionnalisation du rendu antenne est présente en permanence, ceci étant dailleurs vrai depuis les premiers moments de la radio. Ce souci, partagé par tous les animateurs permet une écoute exempte des travers de certaines « radios libres » si souvent brocardées. |
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NOTES
NOTES |
1Si le nom « FIP » vous vient à lesprit, noubliez pas que cette radio nétait diffusée quà Paris et dans quelques grandes villes. Un petit noyau de personnes espérait bien, dans les années 70, quun réémetteur des programmes de FIP Bordeaux serait installé à Royan, mais cela ne sest jamais fait. Aujourd'hui avec une parabole, même à Breuillet, ça marche !Retour au texte 2 Le nom « Royan Fréquence » à eu un peu de mal à simposer. On a beaucoup entendu Fréquence Royan ou Radio Royan parmi les auditeurs. Pour simplifier RF est utilisé. Retour au texte |
Grille des programmes, qui sera reconduite sans grands changements, mais avec de nombreuses modifications mineures, jusquen 1984: | |
EN SEMAINE : | |
7 H 30-9
H 30 : ROYAN FRÉQUENCE MATIN, Bernard C. (avec Olivier Reneteau
et Souky dans les premiers mois): matinale, avec les indispensables météo,
horoscope, programmes télé
Cette tranche matinale
deviendra en 1985 « les Matinrylou », animée
par Marylou Richet qui reprendra sensiblement les mêmes rubriques,
mais avec plus dhumour et un traitement des rubriques au deuxième
degré. Puis après le départ de Marylou Richet de
RF « Phil Godo » (Philippe Tournou) reprendra pour
un temps le flambeau de la matinale. Nathalie Bouyssés la prendra
ensuite en charge de 85 à 86, sous le nom "Vivre ici".
9 H 30-11
H 30 : REGATTA, dabord « Fred » Dumont
pendant deux ans, puis Ph. T. jusquen 1994. 11 H 30-12
H 15 : MIDIKADO, Marylou et François-Jean Richet : Jeux
faisant intervenir les auditeurs sur lantenne (l« insert
téléphonique » a été réalisé
à partir dun téléphone cassé et dune
platine cassette à la tête de lecture hors dusage,
bloqué en position « enregistrement » par
un morceau de contre-plaqué
Mais ça fonctionne !) 12 H 15-12
H 45 : INFOS MAGAZINE : Très inégale, cette cession
va de la présentation des spectacles et de lannonce des informations
communiquées par les associations locales à une émission
music and news, en passant par un bulletin dinfos de 10 à
15 minutes. Les animateurs-journalistes furent, successivement Eliette
Bertin, Patricia Téchoueyres, Alain Péricaud, François
Richet, Dominique Raffin, Marylou Richet qui entreprit de professionnaliser
linformation puis à partir de 1983 Pascale Martin qui fut
la journaliste de la radio pendant plusieurs années, et donna sa
vitesse de croisière aux infos. 12 H 45-13
H : LE FEUILLETON DES SIXTIES : François-jean Richet
et « Patou J » (Patrick Janvier) : La musique
des années 60, du pire au meilleur (avec préméditation !) 13 H-13
H 15 : PETITES ANNONCES, INFOS-SERVICE : Marylou Richet 13
H 15-14 H : MUSIC : émission tremplin pour les animateurs
débutants et les stagiaires3 14-15 H. :
Émission « tournante » : - Le lundi :
MUSIQUE, Richard Morandière - Le mardi : JAZZ, Jacques Machefert - Le mercredi :
MOUSSE AU CHOCOLAT, Carole Baraton. La plus jeune animatrice (12 ans et
beaucoup de professionnalisme). Bonne humeur, impertinence et musique
« branchée » - Le jeudi :
PARFUM DE FEMME, Dominique Roy. Humour au féminin - Le vendredi :
LIVRE SERVICE, Bernadette Virassamy pendant quelques semaines, puis Yolande
Lux. (Cette émission sera diffusée le dimanche en début
daprès-midi à partir de 1983). Un régal pour
les passionnés des livres. 15-17 :
COCONUT PARTY, « Boule » souvent appelé aussi
« Le Père Boule » (Ahmed Taraft) : Excellent
programme musical composé à partir de musiques du monde
(plus particulièrement Afrique et Amérique du Sud) sans
trop de paroles. Lune des émissions de Royan-Fréquence
dont les auditeurs se souviennent encore aujourdhui avec nostalgie. 17-18 :
MAGAZINE INFOS : « music and news » à
laméricaine. Le créateur, Alain Péricaud en
a fait une bonne émission, mais il labandonne rapidement
et cette tranche devient musicale, « pousse-disques ». 18-19 :
SPEEDY SHOW, puis LE HIT PARADE DES CLASSES: Speedy
show : hit parade 19 -20
H : TEQUILLA, Alain Péricaud : Émission musicale:
rock, musique californienne, un peu de new-wave
Probablement l'une
des meilleures émissions de station, pendant cette période. 20 -21
H : COURS DU SOIR : Jean Luc Baraton. Un très jeune animateur
et un véritable petit génie. Une émission musicale
résolument new-wave animée par un spécialiste qui
va régulièrement « faire le plein »
de disques en Angleterre. Il comprend avant tout le monde quel disque
va devenir un tube. Un peu méchamment, je me souviens dun
dérapage en ouverture démission : « cet
après-midi Tino Rossi est mort et cest tant mieux ! »
21 -22
H : PAGE CLASSIQUE : Didier. Émission de musique classique 22-23 H : SWEET RADIO: La musique la plus douce et mélodieuse possible dans tous les styles et un ton confidentiel. |
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NOTES NOTES |
3 Je nai jamais vu quelquun avoir aussi peur quune animatrice à sa première intervention, et qui tremblait avec une ampleur que je naurais jamais imaginé, sauf chez un opérateur de marteau-pilon en fin de journée !)Retour au texte 4 RCS (Rochefort Contact Stéréo), Radio Benèze (Saint Jean dAngély), Radio Saintes, Atlantic FM (La Rochelle)Retour au texte |
LE WEEK-END | |
Samedi, programme identique à la semaine, sauf : | |
11-12 H :
BANZAÏ (voir dimanche) 12 h 45-13 h 45 : DE MÉMOIRE DHOMME, Frédéric Chasseboeuf, Marylou et François-Jean Richet : Lhistoire locale racontée par un étudiant en histoire (Frédéric Chasseboeuf) qui connaît tout ce qui a été publié sur le sujet et, de plus, fouille les bibliothèques et archives diverses pour trouver de linédit. Son ton un peu didactique est chahuté par ses co-animateurs. 14-15 h :
PEPPERLAND Bernard Pascal : émission musicale de pop music
des années 70 15-16 h
BANDE FM, Richard Morandière : émission musicale de
rock californien. 16-18 h
JUKE-BOX Bernard C. : Un grand classique : les disques choisis
par les auditeurs accompagnés dune dédicace. Les quatre
lignes téléphoniques ne cessent pas une seconde de sonner.
Curieusement les disques demandés séloignent souvent
de la programmation habituelle de la station. 18-19 h
LE HIT DES ANIMATEURS : Le classement des disques préférés
des animateurs. 19-20 h OBJECTIF CHÂTENAY-MALABRY, une fois par mois, Daniel Despin, Jacques Machefert, Régis Cantabeil. Émission dhumour mystificatrice. Chaque émission aborde un sujet traité à la manière et sur le ton dune enquête journalistique, en mêlant vrais micros trottoirs, faux reportages, faux invités faisant un vrai débat avec intervention de vrais auditeurs. Le délire le plus total est de rigueur ! Les sujets abordés étant par exemple : laffaire de la disparition des poubelles de Châtenay-Malabry (ville fort éloignée de Royan, pour nous exotique et choisie pour cette raison ) ou linterdiction prochaine dinstaller, détenir ou faire commerce de baignoire pour raisons prophylactiques
20-21 h
BANDE FM, Richard Morandière : émission musicale de
rock californien. 21-23 h
JAZZ, Jacques Machefert : cette émission sera rapidement ramenée
à une heure, et diffusée le dimanche de 11 à 12 heures. 23-01 h, puis 22 h à 01 h (voir ci-dessus) DANSEZ SUR MOI René Orgé : programme musical animé par un « DJ » comme dans une discothèque |
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Dimanche | |
09-11 h
BANZAÏ, Marylou et François-Jean Richet : Émission
dhumour souvent iconoclaste, voire subversif ou le non-sens a une
place de choix au travers de billets dhumeur, commentaires sur lactualité
et la séquence « Le reportage impossible » :
un feuilleton mettant en scène deux reporters vivant les aventures
les plus folles selon le sujet du reportage (les extra-terrestres, les
sectes, lartisanat, les voyages dans le temps
) Ce feuilleton
est abondamment illustré de sons extraits darchives sonores
personnelles constituées essentiellement à partir de lenregistrement
de la bande son de films, téléfilms et émissions
diverses. Un travail colossal de mise en onde réalisé avec
un matériel inadapté et fatigué
Mais une jubilation
intense à le réaliser. 11-12 h
CINQ COLOSSES A LA PLUME, Luc Drevelle et Daniel Despin et une équipe
de quatre à cinq personnes changeant souvent : Revue de presse
humoristique
LES CHARENTAIS
PARLENT AUX CHARENTAIS, Olivier Virassamy raconte des fables et contes
charentais À
son tour, cette émission na duré que quelques semaines
pour être remplacée par : LES COCOTIERS
BLEUS, Yves Lundy, musique exotique JAZZ, Jacques
Machefert. (Voir le samedi à 21 h) 12-13 h.,
puis au bout de quelques semaines, 13 -14 h : SEPTIÈME ART
SUR ORDONNANCE, Jérôme Aguerre, Philippe Boeldieu, « PP »
(Philippe Peraudeau), Dominique Roy : critique des films visibles
à Royan, avec extraits de bandes-son. Cette émission
a duré quelques mois, avant dêtre remplacée
par « Livre-service » (voir en semaine à
14 h 00). 12-13 h
(voir ci dessus) : VIGIE, Alain et Marilyne. Émission musicale
sur le thème des années 60. Cette émission
na duré que quelques mois, avant dêtre remplacée
par une page de musique non-stop. 14-15 h
PAGE CLASSIQUE Didier Émission de musique classique 15-16 h
00 h (puis 15-17 h, lémission suivante ayant rapidement disparu)
ATTENTION A LA MARCHE ! (selon lhumeur, cette émission
sappelle aussi BANZAÏ DEUXIÈME PARTIE ou LES INDIENS
ATTAQUENT À LAUBE !) Marylou et François-Jean
Richet. Revue de la presse à scandale/presse du cur traitée
au deuxième degré avec une programmation musicale douce
(jazz cool et samba essentiellement). 16-17 h
AU-DELÀ DU SÉRIEUX : Autres nom et horaire pour « Cinq
colosses à la plume » (cf 11-12 h) 17-18 h :
SPORT LOCAL 19-20 h
TEQUILLA (voir en semaine, même horaire) 20-22 h
ROYANA VOULOIR DE LA MUSIQUE : interviews dartistes réalisées
par différents animateurs MUSIQUE
DE FILMS Roxanne (Nathalie Pain) 23 h 00-minuit : DOLCE VITA : Bernard C. |
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PRINCIPALES MODIFICATIONS DE LA GRILLE ENTRE 1981 ET 1985 | |
Disparition
progressive de lémission tournante à 14-15 h. Les
émissions nétant plus assurées, elles sont
remplacées par des séquences « pousse-disque »,
puis en 1983 par : LE LAC
DES CYGNES de Nathalie Bouyssés. Émission musicale à
la programmation très marquée par le « style
Royan Fréquence », et à lanimation plaisante. Le départ
de Boule de la station en 1984 motive le remplacement de Coconut Party
par : LES FRUITS
DE LA PASSION de Thierry David de 16 à 18 h (dans la foulée
« magazine info » qui nest devenu quune
tranche « pousse disque » à disparu) Émission
daccompagnement, essentiellement musicale, avec une animation sobre
mais présente. Cette émission est très représentative
du « bon goût » et du discret élitisme
chic qui à donné pendant ces années son cachet à
Royan Fréquence. 6 En 1985
le Hit Parade des classes (18-19 h) est remplacé par un hit parade
classique animé par Bernard C. En 1983
le départ dAlain Péricaud motive le remplacement de
Tequila par diverses émissions, notamment animées
par Richard Morandière. Royan étant
une ville touristique, les grilles dété pourraient
avoir une grande importance, et pourtant ça nest curieusement
jamais le cas. Les grilles dhiver sont généralement
reconduites en formules allégées. À une exception
près, pendant lété 1983 avec TRANSAT EN DOUBLE,
émission dOlivier Reneteau (tristement disparu depuis) et
Marylou Richet. Lémission a pour objectif de faire découvrir
la région aux touristes en vacances : sites à visiter,
restaurants, promenades, manifestations culturelles, fêtes, folklore
Une émission ou la « pêche » et la
bonne humeur prédominent. Lémission se déroule
en studio ou en extérieur selon lactualité. AUTRES
ÉMISSIONS NOTABLES: |
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LESPRIT DE ROYAN FRÉQUENCE | |
Pour
lessentiel, les animateurs5 sont réellement
passionnés, sacrifient tout leur temps de loisir et négligent
même leur « vrai » travail pour faire vivre
la radio avec une flamme et un enthousiasme extraordinaire qui crée
une ambiance exaltante et passionnée, propre à un projet
commun réalisé gratuitement et dont on se fait une haute
idée. Le temps passé ne compte pas : journées,
nuits, week-ends, vacances : la radio vampirise tout. En même
temps elle constitue une famille librement choisie et donc dautant
plus attachante, avec tout ce que cela peut comporter de passionnel. Cette ambiance
est lun des constituants de« l'esprit Royan Fréquence ».
Sans mot dordre ni cahier des charges le consensus est acquis autour
de postulats simples : Le programme doit impérativement avoir
un aspect professionnel et être crédible. Moderne et novateur
mais pas révolutionnaire. Hormis dans les émissions dhumour,
le programme doit être fédérateur et plaire au plus
large public. Mais la
particularité de la station, son cachet inimitable cest son
ton discrètement élitiste, chic, de bon goût, moderne
et gai mais rarement insupportable. En syntonisant sur la bande FM, RF
est reconnaissable à la première seconde. La programmation
musicale (hormis celle des émissions musicalement spécialisées)
y est aussi pour quelque chose : des mélodies et encore des
mélodies composent un savant mélange : « tubes »
du moment dont beaucoup de variétés sucrées (L. Voulzy,
Lio, Agathe, Elton John), quelques bonnes mesures de rock (Police, Téléphone,
Dire Straits mais aussi Donald Fagen, Christopher Cross, América
),
de chansons françaises (Michel Jonasz, Catherine Lara, H-F Thiéfaine,
Sanson, Sheller
) ; quelques doigts de world-music, de new-wave,
des pincées de vieilles choses (yé-yé, premiers rocks),
de jazz et une très grosse dose de « golds » :
Beatles, Brassens, Carpenters
Un mélange alchimique agréable
et jamais vulgaire ni racoleur. Les jingles apportent la touche finale.
Ces jingles, souvent renouvelés, sont presque toujours des petits
chef-duvres poétiques, et nous en sommes très
fiers, à juste raison. À cette époque bénie où la publicité nexiste pas et ou nous sommes quasi seuls à occuper la bande FM, nous ignorons totalement ce qui aujourdhui encadre si sévèrement les radios : les formats, sondages et autres curs de cibles. La liberté est vraiment totale, chaque animateur, dans sa tranche na dautres limites que son imagination dans le respect implicite de lesprit de la radio.
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NOTES |
5 Jutilise le nom générique d« animateurs » pour lensemble des personnes qui intervenaient sur lantenne. Chacun était à la fois animateur, technicien, producteur et réalisateur de son émission, et intervenait souvent à lun de ces titres dans une ou plusieurs autres émissions. Retour au texte |
1983-LE VIRAGE | |
Cette liberté
est un avantage incomparable, mais elle a un revers : la radio na
que très peu de rentrées dargent et pourtant elle
a des frais. Tous les animateurs sont bénévoles, mais certains
ont pris goût à la radio et souhaitent devenir professionnels
tout en restant au bercail. La solution la plus évidente, la plus
simple mais vue comme simpliste, et mortifère pour lesprit
de liberté par certains est lautorisation de diffuser de
la publicité payante (interdite par la loi à cette époque).
Ce problème partage dailleurs beaucoup de stations, la FNRL
(Fédération Nationale des Radios Libres) reflétant
cette perplexité. En 1982-83
les ressources proviennent dactivités annexes bénéficiant
du renom de la radio : animation « DJ » de
soirées dansantes, bals, mariages réalisés par les
animateurs. Les ressources proviennent également de soirées
danimations copiées sur celles du podium dEurope 1 :
des spectacles, des jeux, des cadeaux, et bien sûr de la publicité
(parrainages des différentes phases du spectacle, panneaux daffichages,
diapositives sur grand écran). Ces soirées qui
ne sont pas diffusées sur lantenne vont de ville
en ville sur la Côte de Beauté les soirs dété
(le jeudi soir à l'Auditorium de Royan en été 1982.
Deux photos de
ces soirées animées par Olivier Renneteau sont disponibles).
Il y a aussi une émission de jeux réalisée en direct
des campings de la région tous les midis, toujours en été.
Des équipes sopposent au cours de différentes épreuves,
qui sont autant de prétextes publicitaires visuels sur le lieu
de lémission. La liaison avec le studio se faisant elle en
totale contravention sur le 107 de la bande FM qui est alors inoccupé !
La direction
de la radio (associative) est assurée par P. et Alain Péricaud,
avec pendant les premières années une large consultation
des animateurs sur tous les aspects de la vie de lassociation. Mais
le départ dAlain Péricaud de la direction fin 83 est
le prélude à une prise en main progressive de la direction
de la radio par P. dont le pouvoir se fait de plus en plus personnel,
en contrepartie dun investissement illimité de son temps
et de ses talents au service de la station. 1983 fut une année pivot à bien des égards. Tout dabord quatre animateurs et une journaliste sont salariés, introduisant une distinction subtile avec les bénévoles. Puis la station déménage en octobre vers un local situé sur le port de Royan. Cet endroit immense est aménagé par quelques animateurs (au début tout le monde met la main à la pâte, mais avec le temps, seulement deux dentre eux finissent les travaux des salariés ce qui montre que quelque chose commence à se détraquer dans la belle entente). Lendroit est aménagé avec un luxe hors de proportion avec les ressources réelles de lassociation, dont la gestion consiste à anticiper les futures rentrées publicitaires. Le temps passant, il devient en effet évident que la publicité va être rapidement autorisée. |
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1984. LE DÉBUT DE LA FIN DE LA LIBERTÉ | |
La publicité
sur les antennes des radios FM est légalisée le 23 mai 84.
Dès cet instant, les animateurs se mobilisent pour visiter les
commerçants de la ville et des environs. Cette expérience
constitue un électrochoc : nous prenons réellement
conscience que le programme va devoir sadapter aux goûts et
aux désirs des annonceurs qui nont pourtant aucune légitimité
à nos yeux de passionnés pour dicter le contenu des émissions.
Quand au résultat sur lantenne, et malgré des messages
qui, au départ, sont très bien réalisés, il
est aussi catastrophique quune verrue sur la joue dune jolie
femme. Les auditeurs sont dailleurs nombreux à nous signaler
leur désapprobation. Lambiance
au sein de léquipe de départ commence graduellement
à se détériorer. On fait comprendre à certains
bénévoles que leur émission est « un peu »
trop longue et à dautres que leur présence ne savère
pas indispensable. Les grandes réunions où tout le monde
se retrouve autour dune table, chez les uns ou les autres, se raréfient. Huit salariés travaillent à présent à la station avec des contrats économiques. Mais les salaires ne sont pas toujours payés à la date prévue et côté fournisseurs les huissiers commencent à connaître litinéraire pour nous rendre visite. Et pourtant nous prenons toujours plaisir à faire de la radio, et les programmes ne sont pas trop affectés par lambiance. Le pire reste à venir. Les nouveaux studios sont inaugurés en grande pompe le mercredi 19 décembre à 18 heures 30, en présence de JJ Goldman, le parrain de la station, et si lambiance est en surface à la fête, on sent déjà poindre comme lombre dun désenchantement. |
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1985. La petite friture veut se faire aussi grosse que le requin de la FM | |
Cette année
voit larrivé de NRJ à Royan au mois de mai. Historiquement
RF est une radio généraliste, et une radio très écoutée
par les jeunes. Du jour au lendemain tout ce qui a moins de quarante ans
se branche sur « la plus belle des radios »
Pendant plusieurs jours, les téléphones restent quasi muets
pendant les jeux, les émissions faisant participer les lycéens
se déroulent sans eux. NRJ est à la mode, cest la
radio à écouter pour le plaisir de la découverte
et surtout par snobisme. La riposte : Royan Fréquence se met
à imiter NRJ ! La petite friture voulant se faire aussi grosse
que le requin de la FM
Programmation musicale calquée, tapis
musical permanent sur toutes les interventions au micro, y compris les
informations, temps de parole réduit dans des proportions drastiques,
disparition des émissions ou séquences culturelles, et nouvelle
charrette de bénévoles. Il ny a pas de sondage découte
réalisé sur la ville à lépoque, mais
il y a pire pour l'avenir : les ressources publicitaires seffondrent.
Royan Fréquence nest plus et ne sera plus jamais lenfant
chéri des Royannais. Mais peut-elle devenir celui des Charentais
Maritimes ? La fusion-absorption de plusieurs radios du département
est sérieusement envisagée, mais les négociations
naboutissent pas
La radio est toujours associative, mais plus aucune réunion ne se tient, et personne nose rien dire : les bénévoles ne veulent pas nuire aux salariés qui eux-mêmes tiennent à leur emploi |
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LA FIN | |
Condamnée
à survivre sur un marché publicitaire qui se restreint comme
peau de chagrin, la radio commence à licencier à partir
de février 1986. Les programmes suniformisent, la plupart
des animateurs bénévoles encore présents sont progressivement
écartés, loriginalité s'atténue. À
cette époque RF intensifie l'organisation d'événements
d'importance, voire de prestige, dont plusieurs continuent d'exister aujourd'hui :
Au Championnat du monde
de billes devenu Mondial Billes, s'ajoutent des dizaines
de concerts, un jubilé de foot, le Violon
sur le sable, des trophées golf etc. À partir de 1989 la station bénéficie de subventions municipales qui lui permettent de survivre sous perfusion, sur une bande FM qui se remplit de concurrents commerciaux et du service public. Lattribution de ces subventions fera naturellement dire dans le microcosme royannais que le degré dobjectivité des paroles prononcées sur RF était peut-être fâcheusement tributaire du montant des subventions, quoi quil en soit, la situation financière se dégrade au fil des années, et en 1994 seuls trois animateurs subsistent, et même s'ils font le maximum et le font bien, 70 % du temps dantenne étant occupé par une banque de programmes, RF n'est plus que l'ombre d'elle-même. Linéluctable se produit donc, la radio est vendue à la filiale dune radio périphérique le 31 janvier 1995. Aujourdhui, le nom a disparu mais de lesprit du départ il reste des traces vivaces dans les souvenirs de ceux qui ont fait et écouté Royan-Fréquence. Certains des animateurs sont prêts à « remettre ça », dautres sont malheureux comme après une rupture amoureuse, aucun nest indifférent |
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