Damned ! Ne serions-nous pas le 29 août, par hasard ? C’est la fin de la saison, la saison des touristes qui repartent comme ils sont venus, à grands coups d’embouteillages, d’autoroutes, d’hécatombes et de Rosny-sous-Bois. Si la migration de cette race étrange constitue toujours un mystère pour les sommités de la science moderne, elle est pour les autochtones une réalité quotidienne pendant deux mois. Une réalité quelquefois oppressante dans les embouteillages, dans la recherche des places de parking ou dans les supermarchés. Mais on se consolera en se disant que tous ces gens viennent ici pour se cultiver aux sources de notre patrimoine local. Comment ne pas être gonflé d’orgueil à l'idée des merveilleux souvenirs que ces gens emporteront chez eux de notre région après avoir admiré un stade inachevé, une piscine ravagée par les flammes, la plage du Chay enfin urbanisée, le Casino laissé à l’abandon ainsi que quelques curiosités locales à l’exemple de bals silencieux. Et comment ne seraient-ils pas charmés par notre tact à éviter de les dépayser en construisant un embryon d’autoroute en pleine forêt ou en traitant les musiciens des rues comme des repris de justice ? Pensez à leur émotion à l’idée qu’ils auront de notre sollicitude à doubler les prix pour leur éviter la tentation d’acheter ! Vraiment, ils auront passé de bonnes vacances, et c’est sûr, ils reviendront, ne serait-ce que pour la mer, qu’on n'a pas encore réussi à incendier, laisser pourrir, défigurer ou vendre.

29 août 1982

 

François Richet

 

 

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