Janine Chabrier

Le jour de ma première émission, après avoir garé la voiture dans le parking du Palais des Congrès, ma première épreuve fut un escalier en colimaçon s’élançant vers le ciel. Comment, avec mes hauts talons, monter ces marches funambulesques ! Je me mis vaillamment à la tâche, et arrivai rafraîchie par le vent de la mer proche, à la porte de ce monde inconnu : un studio de radio. De jeunes gens étaient occupés à parler dans un micro, ou à compulser des disques, que l’on appelait dans cet heureux temps « microsillons ». Je pensai qu’ils étaient bien jeunes : ils avaient sans doute l’âge de mon fils qui se tenait parmi eux. Je me trouvai un peu âgée au milieu de tout ce printemps, et un moment je craignis qu’ils ne me tiennent à l’écart, mais non, ils furent charmants !

On me tendit un micro, c’était la première fois que je me servais de cet appareil et son maniement me sembla agréable et familier. Dès le début je fus enchantée, ma voix était mon alliée, comme à chaque fois que je devais en jouer. Je fis mon émission, très détendue et naturelle, et, à la fin, il me tardait d’être au mardi suivant. Boule me succédait à l’antenne, et la musique qu’il présentait était à l’image de son joli physique, et je pensai qu’il était bien dommage pour moi d’avoir vingt ou trente ans de trop !

Je fis connaissance de mes collègues, enfin de ceux qui se trouvaient là : François-Jean et Marylou, qui passaient juste avant moi et qui étaient restés pour me mettre au courant. Finalement, ce fut avec eux que par la suite j’eus le plus de contact : ils savaient répondre à toutes mes interrogations ou me prêter un disque qui me manquait. Je me suis longtemps souvenue d’eux, et je demandai de leurs nouvelles à ma fille, qui sait tout sur Royan et ses habitants, jusqu’au jour, où, près de vingt ans plus tard, une lettre de François-Jean vint me les remettre pour de bon en mémoire.

Pendant ces quelques années où je restai animatrice à Royan-Fréquence, on peut dire que je me suis bien amusée ! À la maison, je construisais mes émissions avec Jean, mon mari, qui minutait le temps de mes chansons et de mes présentations, pour que Mon manège tourne dans les délais sans dérailler…

Je regrette ce petit studio sous les toits, sans prétention. On y faisait beaucoup de musique, on y était heureux et encore jeunes ! Je regrette ces jours lointains où la vie battait son plein, je regrette ces vieilles mélodies qui intéressent ceux qui ont gardé leur âme d’enfant, ces vieilles et belles mélodies à qui Janine redonnait vie au début des années 80…

Janine Chabrier

Juillet 2002

 

 

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