Marylou Richet

1981, je suis tombée du nid familial il y a déjà 4 - 5 ans, c’est le temps de la bohème à deux. J’ai arrêté précipitamment mes études et vogue de place de vendeuse de cadeaux en place de vendeuse de fromage à la coupe ! Moi qui suis issue d’un milieu d’enseignants, me voilà confrontée à une drôle de réalité avec le sentiment très net de ne pas être faite pour cela. Mais pourquoi donc ? No sé !

 

JUILLET 81 SAUVÉE PAR LE GONG ? QUI SAIT ?
Mois de notre mariage incognito, avec cette nouvelle qui changera tout : « Il parait qu’une radio libre vient de se créer à Royan ! » François-Jean l’a appris d’un ami vendeur de hi-fi.
Le voila tout feu tout flamme, la radio je le sais il en a toujours rêvé. Moi je l’écoutais comme un produit de consommation. Lui me l'a faite aimer au travers d’émissions comme « marche ou rêve » de Claude Villers, « Loup Garou » de Patrice Blanc Francard - Bernard-Lenoir, et surtout José Artur à toute heure de la journée sans oublier le dimanche après midi, « l’oreille en coin suite » avec Paula Jacques, Kriss Graffiti et les autres complices dont les noms m’échappent, mais pas le souvenir.

 

UNE RADIO SE CRÉE A ROYAN ?
Une seule idée en tête : en être, mais une seule terreur pour moi : être à la hauteur car, attention, dés le début nous n’avons jamais pensé à la radio comme à un hobby traité à la légère et nos modèles nécessitaient une belle dose de travail.
Lorsque je pense à cette période, me viennent les mots de frénésie, jubilation intense, trac affolant. Il y avait d’abord la préparation, écriture à deux voix de notre émission du Dimanche : « Banzaï » se voulait humoristique, corrosive avec papier d’humeur de F-J, sketchs choisis dans la catégorie qui grattouille plus qu’elle ne chatouille (Font et Val, Bedos, Dac, Devos, Yanne…) Il y avait aussi notre feuilleton délirant « le reportage impossible ». Rien que pour ces 5 minutes faites de dialogues, bruitages extraits de films, il nous fallait quelquefois une bonne partie de la nuit de samedi à dimanche ! La programmation était aussi une alchimie de musiques sud-américaine, d’instrumentaux des années 50, et séquence « devant le juke-boxe » présentée par F-J qui illustrait ses anecdotes sur les années 60 par des 45 tours de la même année car il est aussi collectionneur, le bougre, de sons, d’interviews, de documents, de films. Bref la maison est une succursale de l’INA ! Cette émission en duo, nous la nourrirons de rubriques dans le même esprit au fil des mois, chacun prenant un peu d’assurance avec pour moi la chronique LALA - ITOU remplie de chansons française estampillées nouveautés découvertes chez Jean-Louis Foulquier, il y avait de la chanson dans l’air !
Une fois les premières minutes de trac passées, tout allait très vite, d’ailleurs le programme était établi, les disques en pile dans l’ordre de passage, il n’y avait plus qu’à suivre le conducteur. Seuls incidents possibles : un diamant défectueux (ce n’était pas rare), une table de mixage récalcitrante (c’était fréquent) avec un sentiment de fin du monde si par hasard l’émetteur nous lâchait, là il fallait appeler « au secours » !
D’autres émissions ont suivi : Sur l’info insolite et rigolote de la semaine : « les Indiens attaquent à l’aube ! »
Émissions de jeux, de découverte du monde avec des étudiants étrangers, émissions solos aussi pour moi « les matinrylou », matinales truffées de rubriques beaucoup plus ludiques que pratiques. Autre émission enfin « lala - itou » à 15 h, émission thématique liant humour, extraits de films, d’interviews et de musique. Cette émission représentait une journée de “travail” en pleine excitation créative. À ce stade-là se situe ma seconde naissance définitive de Marie-Hélène, pseudo vendeuse de tout, en Marylou, animatrice de radio.
Il y avait notre précieux et indéfectible duo et puis il y a eu l’amitié qui s’est soudée très vite avec les autres accros : Jean-Luc le benjamin et son « sunday fraise », David et ses « fruits de la passion », le trio Philippe-Pépé-Jérôme pour « 7e art sur ordonnance », Olivier, Yolande, Nathalie, Jacques, Alain, Elvis Léon et Doudou, Dominique, Boule, Christian, Olivier et notre « transat en double » (ma seule infidélité radiophonique).
Le dimanche en fin de matinée, une joyeuse pagaille envahissait souvent le studio pour partager pâté, boissons fraîches, et, sublime récompense, quelquefois des gâteaux, témoignages d’amitié d’auditeurs appréciant ces minutes historiques, nous pardonnant toutes nos maladresses.
Le « fin du fin » était les séances jingle ! Une semaine avant c’était déjà comme une promesse : soyez prêts, la semaine prochaine on y va !
Il y avait ceux concoctés par Philippe, notre commun dénominateur à tous. Ses jingles étaient l’habillage officiel et général de la station, et puis il y avait les jingles personnalisés…
Ce jour-là, en principe, chacun arrivait avec ses textes, ses idées de musique, de bruitage, de voix. En général après les différents branchements adéquats, les essais commençaient dans le plus grand sérieux… Ces séances de plusieurs heures étaient une folie pure, fous rires, délires verbaux, ratés mémorables… Un bonheur, à chaque fois le même, de « travailler » ensemble avec l’idée de réserver une bonne surprise à nos auditeurs.
Tout cela a passé très vite en faisant abstraction de la vie à côté qui n’avait à nos yeux aucun intérêt, bohème toujours sur fond de galère (ascenseur social : j’ai lâché ma place de vendeuse pour un mi-temps de secrétaire de la station !)

1986 J’aime toujours passionnément LA RADIO mais la Mienne, j’ai du mal à l’accepter telle que la veut aujourd’hui Philippe. C’est vrai que NRJ est arrivée avec ses gros moyens, mais nous tenons la route en ce qui concerne le contenu.Un sale jour, sans préméditation sur un coup de sang, je pars en claquant la porte au milieu du 1 er 45 tours de Caroline Loeb « c’est la ouate ».
Entière je me suis donnée, fidèle à mon idéal je veux rester pour moi ce sera un déchirement. Je ne sais pas ce jour là que je serai privée de radio pendant 5 ans !
1991 je n’y tiens plus j'envoie ma lettre de grande motivation à Radio-France… J’y suis encore !

Marylou Richet

 

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