ROYAN FRÉQUENCE
Une radio libre

Par François Richet

 

L’aventure de Royan-Fréquence à été pour ceux qui l’ont vécue, comme moi, exaltante et passionnante pendant plusieurs années. Longtemps, RF a été vraiment libre. Libre dans le ton, détachée des pouvoirs politiques et des puissances financières et animée par des gens passionnés qui avaient envie de faire plaisir à leurs auditeurs en s’imaginant vraiment à leur place — la proximité facilitant cette démarche d’altérité. Très forte était la volonté d’apporter quelque chose de nouveau dans le ton, la forme et les idées à la Radio, considérée comme Le Média majuscule.
Hélas, au fil du temps, les choses ont bien changé, la liberté et l’invention ont disparu, avant que la station elle-même ne passe de vie à trépas.
Mon but n’est pas de faire le procès de ce qui au fil des années a favorisé cet état de chose : les causes sont multiples et pour la plupart exogènes, et de nombreuses pages ont déjà été écrites sur la gestion de la bande FM en France par les décideurs politiques successifs.
Je veux tout simplement vous raconter l’aventure de Royan Fréquence 96 dont j’ai vécu l’éclosion le 1 er juillet 1981, que j’ai accompagnée pendant huit ans en l’aimant passionnément. C'est sur cette période d'effervescence des ondes que je mets plus particulièrement l'accent.

Pour des raisons personnelles Philippe Tranchet, l'un des principaux créateurs de Royan Fréquence, ne souhaite pas raconter l'histoire de la NAISSANCE DE RF. En conséquence, ce qui suit est exempt de son témoignage et de références explicites le concernant.
1981-82 LA RADIO LIBRE
 

Le premier noyau des créateurs de la radio étant constitué par trois personnes dont Alain Péricaud et « Boule » (Ahmed Taraft), tout commence le premier juillet 1981, à 20 heures, dans un endroit grand comme un placard et demi, qui après avoir vu l’installation de deux tourne-disques, une platine cassettes, et une table de mixage surmontée d’un micro, prend le nom de studio… Ah, j’oubliais l’émetteur, format « Petit Larousse », dont le couvercle est démonté pour que le ventilateur « Calor » puisse officier… L’un des côtés du studio, installé dans feu le Casino de Royan, donne sur les jardins, et sur la plage. Cette paroi, 100 % vitrée, est orientée au sud. Ambiance tropicale, vue imprenable !

Côté auditoire quel choc que l’arrivé de… Trois radios libres ! Car à quelques jours d’intervalle deux radios concurrentes — RCB et FMR (qui fidèle à son nom ne durera que quelques semaines) — se créent. Cet été-là, et sans que l’on puisse s’appuyer sur aucune étude de sondage, naturellement, il est probable que les radios libres connaissent des records d’audience. Le phénomène de mode aidant, on peut les entendre partout à l’infini, avec l’impression que peuvent produire deux miroirs face à face : Terrasses de cafés du Front de Mer, autoradios poussés à fond, bribes volées au passage devant des fenêtres ouvertes…

Très rapidement, l’équipe de départ s’étoffe d’animateurs chaque jour plus nombreux, qui naturellement, sont tous bénévoles. On peut citer, entre autres, « Patou J » (Patrick Janvier), Christian Auger, « Globule » (Philippe Gautier), Fabien Sarfati, Marylou Richet, « Phil Godo » (Philippe Tournou), Eliette Bertin, Jean Gagnadre, Jacques Machefert, Bernard Biot, et moi-même. Mais l’antenne est également ouverte à qui le désire, en tant qu’animateurs ou co-animateurs et de nombreuses personnes passent sur les ondes pour une heure, une semaine ou deux jours…

Côté contenu, la musique est reine, et à l’époque cela constitue une véritable révolution. Il suffit de se souvenir que pendant des années José Artur, sur France Inter, aimait à rappeler que le Pop Club était la seule émission à faire écouter des morceaux d’une durée supérieure à 3 minutes 30. Là, tout soudain, des plages musicales peuvent durer une heure sans parole ! 1 La programmation musicale est faite à 100 % en fonction du goût des animateurs, mais, malgré tout, chaque radio a sa couleur : RCB très « variétés françaises commerciale », FMR plutôt rock, et Royan Fréquence diffusant un mélange de rock californien, de mélodies en provenance d’horizons variés (Beatles, Voulzy, jazz…), de musique du monde (notamment d’Afrique), de chanson française, et de disques des années 50 et 60 (yé-yé, rock). Le disque le plus diffusé au cours de l’été 81 est incontestablement « j’aime regarder les filles qui marchent sur la plage » de Coutin.

Si, au cours de ces premières semaines d’existence de la radio, la musique constitue l’essentiel des programmes, on y parle aussi. Les artistes de passage au Casino sont interviewés, les auditeurs interviennent sur l’antenne (via le savant bidouillage d’un téléphone à la belle couleur orange). Que disent-ils ? On peut résumer l’essentiel de leurs propos ainsi : « Bravo, c’est génial d’avoir une radio libre à Royan, la musique est meilleure sur RF2 que chez vos concurrents ». La parole leur est également donnée dans une émission (Fou d’Royan de Fabien Sarfati) dont le but est d’inventer une histoire : l’animateur raconte le début, et chaque auditeur intervenant sur l’antenne invente la suite. La tonalité est poétique ou policière selon les jours.

Il n’y a rien là de révolutionnaire, loin de là, et l’on commence à se dire que les politiques, qui depuis si longtemps semblaient craindre la liberté des ondes en tant que vecteur d’opposition virulente, n’ont vraiment rien à craindre. En vérité, chacun veut se faire plaisir avec un joujou qui fait envie depuis des années, et désire, en passant de l’autre côté du miroir faire l’émission qu’il aimerait écouter en tant qu’auditeur.

À la rentrée, en octobre, les choses changent un peu. Tout d’abord on déménage vers un local plus spacieux. Il n’est pas question d’investir, les recettes étant au niveau zéro. Après avoir envisagé diverses solutions, la seule possible, est une demande de prêt de local à titre gracieux par la Ville. Ceci nécessite une officialisation de la radio et conduit à la création d’une association « loi 1901 » (déclarée à la préfecture le 30/09/81). Officiellement, l’association comprenait trois membres.

La Ville, son maire étant Monsieur Lis (père de Michel Lis « le jardinier de France Inter ») nous attribue un local relativement spacieux, et surtout magnifiquement situé à l’étage du Palais des Congrès, avec vue imprenable sur le port et la mer. La radio s’y installe en fin d’année après avoir transité par un studio de fortune pendant les travaux d’installation.

La radio est vraiment libre, la meilleure preuve étant que l’on peut s’exprimer sans contrôle y compris pour critiquer certaines actions municipales ; ce dont on ne se prive pas, dans les émissions humoristiques comme dans les informations.

Au cours de l’hiver 81-82, l’amateurisme intégral des débuts fait place à une amorce de politique de programme, via la mise en place d’une grille. Bien sûr, les horaires des émissions sont souvent fonction des possibilités des animateurs, mais une recherche de cohérence est à l’œuvre sous l’impulsion d’Alain Péricaud, qui fait office de directeur des programmes. De même une recherche de professionnalisation du rendu antenne est présente en permanence, ceci étant d’ailleurs vrai depuis les premiers moments de la radio. Ce souci, partagé par tous les animateurs permet une écoute exempte des travers de certaines « radios libres » si souvent brocardées.

NOTES

 

NOTES

1—Si le nom « FIP » vous vient à l’esprit, n’oubliez pas que cette radio n’était diffusée qu’à Paris et dans quelques grandes villes. Un petit noyau de personnes espérait bien, dans les années 70, qu’un réémetteur des programmes de FIP Bordeaux serait installé à Royan, mais cela ne s’est jamais fait. Aujourd'hui avec une parabole, même à Breuillet, ça marche !Retour au texte

2— Le nom « Royan Fréquence » à eu un peu de mal à s’imposer. On a beaucoup entendu Fréquence Royan ou Radio Royan parmi les auditeurs. Pour simplifier RF est utilisé. Retour au texte

Grille des programmes, qui sera reconduite sans grands changements, mais avec de nombreuses modifications mineures, jusqu’en 1984:
   
EN SEMAINE :
 

7 H 30-9 H 30 : ROYAN FRÉQUENCE MATIN, Bernard C. (avec Olivier Reneteau et Souky dans les premiers mois): matinale, avec les indispensables météo, horoscope, programmes télé… Cette tranche matinale deviendra en 1985 « les Matinrylou », animée par Marylou Richet qui reprendra sensiblement les mêmes rubriques, mais avec plus d’humour et un traitement des rubriques au deuxième degré. Puis après le départ de Marylou Richet de RF « Phil Godo » (Philippe Tournou) reprendra pour un temps le flambeau de la matinale. Nathalie Bouyssés la prendra ensuite en charge de 85 à 86, sous le nom "Vivre ici".

9 H 30-11 H 30 : REGATTA, d’abord « Fred » Dumont pendant deux ans, puis Ph. T. jusqu’en 1994.

11 H 30-12 H 15 : MIDIKADO, Marylou et François-Jean Richet : Jeux faisant intervenir les auditeurs sur l’antenne (l’« insert téléphonique » a été réalisé à partir d’un téléphone cassé et d’une platine cassette à la tête de lecture hors d’usage, bloqué en position « enregistrement » par un morceau de contre-plaqué… Mais ça fonctionne !)

12 H 15-12 H 45 : INFOS MAGAZINE : Très inégale, cette cession va de la présentation des spectacles et de l’annonce des informations communiquées par les associations locales à une émission music and news, en passant par un bulletin d’infos de 10 à 15 minutes. Les animateurs-journalistes furent, successivement Eliette Bertin, Patricia Téchoueyres, Alain Péricaud, François Richet, Dominique Raffin, Marylou Richet qui entreprit de professionnaliser l’information puis à partir de 1983 Pascale Martin qui fut la journaliste de la radio pendant plusieurs années, et donna sa vitesse de croisière aux infos.

12 H 45-13 H : LE FEUILLETON DES SIXTIES : François-jean Richet et « Patou J » (Patrick Janvier) : La musique des années 60, du pire au meilleur (avec préméditation !)

13 H-13 H 15 : PETITES ANNONCES, INFOS-SERVICE : Marylou Richet

13 H 15-14 H : MUSIC : émission tremplin pour les animateurs débutants et les stagiaires3

14-15 H. : Émission « tournante » :

- Le lundi : MUSIQUE, Richard Morandière

- Le mardi : JAZZ, Jacques Machefert

- Le mercredi : MOUSSE AU CHOCOLAT, Carole Baraton. La plus jeune animatrice (12 ans et beaucoup de professionnalisme). Bonne humeur, impertinence et musique « branchée »

- Le jeudi : PARFUM DE FEMME, Dominique Roy. Humour au féminin

- Le vendredi : LIVRE SERVICE, Bernadette Virassamy pendant quelques semaines, puis Yolande Lux. (Cette émission sera diffusée le dimanche en début d’après-midi à partir de 1983). Un régal pour les passionnés des livres.

15-17 : COCONUT PARTY, « Boule » souvent appelé aussi « Le Père Boule » (Ahmed Taraft) : Excellent programme musical composé à partir de musiques du monde (plus particulièrement Afrique et Amérique du Sud) sans trop de paroles. L’une des émissions de Royan-Fréquence dont les auditeurs se souviennent encore aujourd’hui avec nostalgie.

17-18 : MAGAZINE INFOS : « music and news » à l’américaine. Le créateur, Alain Péricaud en a fait une bonne émission, mais il l’abandonne rapidement et cette tranche devient musicale, « pousse-disques ».

18-19 : SPEEDY SHOW, puis LE HIT PARADE DES CLASSES:

Speedy show : hit parade
Hit parade des classes : Ce jeu est organisé entre les classes des lycées et collèges de Royan et des environs. Chaque classe participante subit différentes épreuves : questions de culture générale, reconnaissance de disques, de voix de personnalités connues etc. Cette émission, animée sur un rythme d’enfer, se déroule dans une ambiance décontractée et humoristique. Elle est rythmée de nombreux « jingles ». Le ton est proche des radios pirates anglaises des années 60 notamment de Radio Caroline. La programmation musicale est réalisée par les invités, seuls les « tubes » du moment y ont droit de cité. Cette émission est très populaire parmi les jeunes qui écoutent alors essentiellement Royan Fréquence (FMR a disparu, et RCB diffuse régulièrement de l’accordéon musette, ce qui constitue une faute rédhibitoire à leurs yeux. A cette époque-là, aucun réseau — hormis ceux du service public national — n’existe encore).
Cette émission a duré jusqu’en 1985, ou elle est devenue CHALLENGE 12/16. Le principe est identique, mais les plus importantes radios du département sont associées à Royan Fréquence4, et réalisent la même émission tout au long de l’année scolaire jusqu’à la grande finale publique qui permet à toute une classe de gagner un voyage aux USA offert par le Crédit Agricole.
À l’arrivée d'NRJ à Royan, pour les teen-agers rien n’existait plus sur la bande FM en dehors de cette radio et Royan Fréquence est tout soudain devenue ringarde… Sic transit gloria mundi !

19 -20 H : TEQUILLA, Alain Péricaud : Émission musicale: rock, musique californienne, un peu de new-wave… Probablement l'une des meilleures émissions de station, pendant cette période.

20 -21 H : COURS DU SOIR : Jean Luc Baraton. Un très jeune animateur et un véritable petit génie. Une émission musicale résolument new-wave animée par un spécialiste qui va régulièrement « faire le plein » de disques en Angleterre. Il comprend avant tout le monde quel disque va devenir un tube. Un peu méchamment, je me souviens d’un dérapage en ouverture d’émission : « cet après-midi Tino Rossi est mort et c’est tant mieux ! »…

21 -22 H : PAGE CLASSIQUE : Didier. Émission de musique classique

22-23 H : SWEET RADIO: La musique la plus douce et mélodieuse possible dans tous les styles et un ton confidentiel.

NOTES

NOTES

3— Je n’ai jamais vu quelqu’un avoir aussi peur qu’une animatrice à sa première intervention, et qui tremblait avec une ampleur que je n’aurais jamais imaginé, sauf chez un opérateur de marteau-pilon en fin de journée !)Retour au texte

4— RCS (Rochefort Contact Stéréo), Radio Benèze (Saint Jean d’Angély), Radio Saintes, Atlantic FM (La Rochelle)Retour au texte

LE WEEK-END
Samedi, programme identique à la semaine, sauf :
 

11-12 H : BANZAÏ (voir dimanche)

12 h 45-13 h 45 : DE MÉMOIRE D’HOMME, Frédéric Chasseboeuf, Marylou et François-Jean Richet : L’histoire locale racontée par un étudiant en histoire (Frédéric Chasseboeuf) qui connaît tout ce qui a été publié sur le sujet et, de plus, fouille les bibliothèques et archives diverses pour trouver de l’inédit. Son ton un peu didactique est chahuté par ses co-animateurs.

14-15 h : PEPPERLAND Bernard Pascal : émission musicale de pop music des années 70

15-16 h BANDE FM, Richard Morandière : émission musicale de rock californien.

16-18 h JUKE-BOX Bernard C. : Un grand classique : les disques choisis par les auditeurs accompagnés d’une dédicace. Les quatre lignes téléphoniques ne cessent pas une seconde de sonner. Curieusement les disques demandés s’éloignent souvent de la programmation habituelle de la station.

18-19 h LE HIT DES ANIMATEURS : Le classement des disques préférés des animateurs.

19-20 h OBJECTIF CHÂTENAY-MALABRY, une fois par mois, Daniel Despin, Jacques Machefert, Régis Cantabeil. Émission d’humour mystificatrice. Chaque émission aborde un sujet traité à la manière et sur le ton d’une enquête journalistique, en mêlant vrais micros trottoirs, faux reportages, faux invités faisant un vrai débat avec intervention de vrais auditeurs. Le délire le plus total est de rigueur ! Les sujets abordés étant par exemple : l’affaire de la disparition des poubelles de Châtenay-Malabry (ville fort éloignée de Royan, pour nous exotique et choisie pour cette raison…) ou l’interdiction prochaine d’installer, détenir ou faire commerce de baignoire pour raisons prophylactiques…

 

20-21 h BANDE FM, Richard Morandière : émission musicale de rock californien.

21-23 h JAZZ, Jacques Machefert : cette émission sera rapidement ramenée à une heure, et diffusée le dimanche de 11 à 12 heures.

23-01 h, puis 22 h à 01 h (voir ci-dessus) DANSEZ SUR MOI René Orgé : programme musical animé par un « DJ » comme dans une discothèque

Dimanche
 

09-11 h BANZAÏ, Marylou et François-Jean Richet : Émission d’humour souvent iconoclaste, voire subversif ou le non-sens a une place de choix au travers de billets d’humeur, commentaires sur l’actualité et la séquence « Le reportage impossible » : un feuilleton mettant en scène deux reporters vivant les aventures les plus folles selon le sujet du reportage (les extra-terrestres, les sectes, l’artisanat, les voyages dans le temps…) Ce feuilleton est abondamment illustré de sons extraits d’archives sonores personnelles constituées essentiellement à partir de l’enregistrement de la bande son de films, téléfilms et émissions diverses. Un travail colossal de mise en onde réalisé avec un matériel inadapté et fatigué… Mais une jubilation intense à le réaliser.
La programmation musicale va de Brassens aux Chaussettes Noires en passant par Boby Lapointe, Charlie Parker, Tito Puente, Michel Jonasz ou Catherine Lara…

11-12 h CINQ COLOSSES A LA PLUME, Luc Drevelle et Daniel Despin et une équipe de quatre à cinq personnes changeant souvent : Revue de presse humoristique…
Cette émission a duré que quelques semaines pour être remplacée par :

LES CHARENTAIS PARLENT AUX CHARENTAIS, Olivier Virassamy raconte des fables et contes charentais

À son tour, cette émission n’a duré que quelques semaines pour être remplacée par :

LES COCOTIERS BLEUS, Yves Lundy, musique exotique
Émission qui elle-même n’a duré que quelques semaines pour être remplacée par :

JAZZ, Jacques Machefert. (Voir le samedi à 21 h)

12-13 h., puis au bout de quelques semaines, 13 -14 h : SEPTIÈME ART SUR ORDONNANCE, Jérôme Aguerre, Philippe Boeldieu, « PP » (Philippe Peraudeau), Dominique Roy : critique des films visibles à Royan, avec extraits de bandes-son.

Cette émission a duré quelques mois, avant d’être remplacée par « Livre-service » (voir en semaine à 14 h 00).

12-13 h (voir ci dessus) : VIGIE, Alain et Marilyne. Émission musicale sur le thème des années 60.

Cette émission n’a duré que quelques mois, avant d’être remplacée par une page de musique non-stop.

14-15 h PAGE CLASSIQUE Didier Émission de musique classique

15-16 h 00 h (puis 15-17 h, l’émission suivante ayant rapidement disparu) ATTENTION A LA MARCHE ! (selon l’humeur, cette émission s’appelle aussi BANZAÏ DEUXIÈME PARTIE ou LES INDIENS ATTAQUENT À L’AUBE !) Marylou et François-Jean Richet. Revue de la presse à scandale/presse du cœur traitée au deuxième degré avec une programmation musicale douce (jazz cool et samba essentiellement).

16-17 h AU-DELÀ DU SÉRIEUX : Autres nom et horaire pour « Cinq colosses à la plume » (cf 11-12 h)

17-18 h : SPORT LOCAL 

19-20 h TEQUILLA (voir en semaine, même horaire)

20-22 h ROYANA VOULOIR DE LA MUSIQUE : interviews d’artistes réalisées par différents animateurs
Cette émission n’a duré que quelques semaines pour être remplacée par :

MUSIQUE DE FILMS Roxanne (Nathalie Pain)

23 h 00-minuit : DOLCE VITA : Bernard C.

PRINCIPALES MODIFICATIONS DE LA GRILLE ENTRE 1981 ET 1985
 

Disparition progressive de l’émission tournante à 14-15 h. Les émissions n’étant plus assurées, elles sont remplacées par des séquences « pousse-disque », puis en 1983 par :

LE LAC DES CYGNES de Nathalie Bouyssés. Émission musicale à la programmation très marquée par le « style Royan Fréquence », et à l’animation plaisante.

Le départ de Boule de la station en 1984 motive le remplacement de Coconut Party par :
« LALA ITOU » de Marylou Richet de 15 à 16 h. Émission poétique, humoristique et d’humeur, elle à laissé des souvenirs émus à ses auditeurs.

LES FRUITS DE LA PASSION de Thierry David de 16 à 18 h (dans la foulée « magazine info » qui n’est devenu qu’une tranche « pousse disque » à disparu) Émission d’accompagnement, essentiellement musicale, avec une animation sobre mais présente. Cette émission est très représentative du « bon goût » et du discret élitisme chic qui à donné pendant ces années son cachet à Royan Fréquence. 6

En 1985 le Hit Parade des classes (18-19 h) est remplacé par un hit parade classique animé par Bernard C.

En 1983 le départ d’Alain Péricaud motive le remplacement de Tequila par diverses émissions, notamment animées par Richard Morandière.

Royan étant une ville touristique, les grilles d’été pourraient avoir une grande importance, et pourtant ça n’est curieusement jamais le cas. Les grilles d’hiver sont généralement reconduites en formules allégées. À une exception près, pendant l’été 1983 avec TRANSAT EN DOUBLE, émission d’Olivier Reneteau (tristement disparu depuis) et Marylou Richet. L’émission a pour objectif de faire découvrir la région aux touristes en vacances : sites à visiter, restaurants, promenades, manifestations culturelles, fêtes, folklore… Une émission ou la « pêche » et la bonne humeur prédominent. L’émission se déroule en studio ou en extérieur selon l’actualité.

AUTRES ÉMISSIONS NOTABLES:
Émissions musicales consacrées à des genres de rock marginaux : pogo, garage, punk… Leurs auditoires sont probablement restreints, mais passionnés… Ces émissions sont généralement diffusées de 22 à 23 h ou de 22 à 24 h en semaine.
NOSTALGIA FUTURA de « Malous »
POGO-JAVA de Patou « J » et Christian Auger
PICNIC PARTY Patrice Chabrier
CRAZY DUCKS
LUNETTES DE CUIR ET BOTTES DE MELON de Bébé

L’ESPRIT DE ROYAN FRÉQUENCE
 

Pour l’essentiel, les animateurs5 sont réellement passionnés, sacrifient tout leur temps de loisir et négligent même leur « vrai » travail pour faire vivre la radio avec une flamme et un enthousiasme extraordinaire qui crée une ambiance exaltante et passionnée, propre à un projet commun réalisé gratuitement et dont on se fait une haute idée. Le temps passé ne compte pas : journées, nuits, week-ends, vacances : la radio vampirise tout. En même temps elle constitue une famille librement choisie et donc d’autant plus attachante, avec tout ce que cela peut comporter de passionnel.

Cette ambiance est l’un des constituants de«  l'esprit Royan Fréquence ». Sans mot d’ordre ni cahier des charges le consensus est acquis autour de postulats simples : Le programme doit impérativement avoir un aspect professionnel et être crédible. Moderne et novateur mais pas révolutionnaire. Hormis dans les émissions d’humour, le programme doit être fédérateur et plaire au plus large public.

Mais la particularité de la station, son cachet inimitable c’est son ton discrètement élitiste, chic, de bon goût, moderne et gai mais rarement insupportable. En syntonisant sur la bande FM, RF est reconnaissable à la première seconde. La programmation musicale (hormis celle des émissions musicalement spécialisées) y est aussi pour quelque chose : des mélodies et encore des mélodies composent un savant mélange : « tubes » du moment dont beaucoup de variétés sucrées (L. Voulzy, Lio, Agathe, Elton John), quelques bonnes mesures de rock (Police, Téléphone, Dire Straits mais aussi Donald Fagen, Christopher Cross, América…), de chansons françaises (Michel Jonasz, Catherine Lara, H-F Thiéfaine, Sanson, Sheller…) ; quelques doigts de world-music, de new-wave, des pincées de vieilles choses (yé-yé, premiers rocks), de jazz et une très grosse dose de « golds » : Beatles, Brassens, Carpenters… Un mélange alchimique agréable et jamais vulgaire ni racoleur. Les jingles apportent la touche finale. Ces jingles, souvent renouvelés, sont presque toujours des petits chef-d’œuvres poétiques, et nous en sommes très fiers, à juste raison.

À cette époque bénie où la publicité n’existe pas et ou nous sommes quasi seuls à occuper la bande FM, nous ignorons totalement ce qui aujourd’hui encadre si sévèrement les radios : les formats, sondages et autres cœurs de cibles. La liberté est vraiment totale, chaque animateur, dans sa tranche n’a d’autres limites que son imagination dans le respect implicite de l’esprit de la radio.

 

 

NOTES

5— J’utilise le nom générique d’« animateurs » pour l’ensemble des personnes qui intervenaient sur l’antenne. Chacun était à la fois animateur, technicien, producteur et réalisateur de son émission, et intervenait souvent à l’un de ces titres dans une ou plusieurs autres émissions. Retour au texte
1983-LE VIRAGE
 

Cette liberté est un avantage incomparable, mais elle a un revers : la radio n’a que très peu de rentrées d’argent et pourtant elle a des frais. Tous les animateurs sont bénévoles, mais certains ont pris goût à la radio et souhaitent devenir professionnels tout en restant au bercail. La solution la plus évidente, la plus simple mais vue comme simpliste, et mortifère pour l’esprit de liberté par certains est l’autorisation de diffuser de la publicité payante (interdite par la loi à cette époque). Ce problème partage d’ailleurs beaucoup de stations, la FNRL (Fédération Nationale des Radios Libres) reflétant cette perplexité.

En 1982-83 les ressources proviennent d’activités annexes bénéficiant du renom de la radio : animation « DJ » de soirées dansantes, bals, mariages réalisés par les animateurs. Les ressources proviennent également de soirées d’animations copiées sur celles du podium d’Europe 1 : des spectacles, des jeux, des cadeaux, et bien sûr de la publicité (parrainages des différentes phases du spectacle, panneaux d’affichages, diapositives sur grand écran). Ces soirées — qui ne sont pas diffusées sur l’antenne — vont de ville en ville sur la Côte de Beauté les soirs d’été (le jeudi soir à l'Auditorium de Royan en été 1982. Deux photos de ces soirées animées par Olivier Renneteau sont disponibles). Il y a aussi une émission de jeux réalisée en direct des campings de la région tous les midis, toujours en été. Des équipes s’opposent au cours de différentes épreuves, qui sont autant de prétextes publicitaires visuels sur le lieu de l’émission. La liaison avec le studio se faisant elle en totale contravention sur le 107 de la bande FM qui est alors inoccupé !

La direction de la radio (associative) est assurée par P. et Alain Péricaud, avec pendant les premières années une large consultation des animateurs sur tous les aspects de la vie de l’association. Mais le départ d’Alain Péricaud de la direction fin 83 est le prélude à une prise en main progressive de la direction de la radio par P. dont le pouvoir se fait de plus en plus personnel, en contrepartie d’un investissement illimité de son temps et de ses talents au service de la station.

1983 fut une année pivot à bien des égards. Tout d’abord quatre animateurs et une journaliste sont salariés, introduisant une distinction subtile avec les bénévoles. Puis la station déménage en octobre vers un local situé sur le port de Royan. Cet endroit immense est aménagé par quelques animateurs (au début tout le monde met la main à la pâte, mais avec le temps, seulement deux d’entre eux finissent les travaux — des salariés — ce qui montre que quelque chose commence à se détraquer dans la belle entente). L’endroit est aménagé avec un luxe hors de proportion avec les ressources réelles de l’association, dont la gestion consiste à anticiper les futures rentrées publicitaires. Le temps passant, il devient en effet évident que la publicité va être rapidement autorisée.

1984. LE DÉBUT DE LA FIN DE LA LIBERTÉ
 

La publicité sur les antennes des radios FM est légalisée le 23 mai 84. Dès cet instant, les animateurs se mobilisent pour visiter les commerçants de la ville et des environs. Cette expérience constitue un électrochoc : nous prenons réellement conscience que le programme va devoir s’adapter aux goûts et aux désirs des annonceurs qui n’ont pourtant aucune légitimité à nos yeux de passionnés pour dicter le contenu des émissions. Quand au résultat sur l’antenne, et malgré des messages qui, au départ, sont très bien réalisés, il est aussi catastrophique qu’une verrue sur la joue d’une jolie femme. Les auditeurs sont d’ailleurs nombreux à nous signaler leur désapprobation.

L’ambiance au sein de l’équipe de départ commence graduellement à se détériorer. On fait comprendre à certains bénévoles que leur émission est « un peu » trop longue et à d’autres que leur présence ne s’avère pas indispensable. Les grandes réunions où tout le monde se retrouve autour d’une table, chez les uns ou les autres, se raréfient.

Huit salariés travaillent à présent à la station avec des contrats économiques. Mais les salaires ne sont pas toujours payés à la date prévue et côté fournisseurs les huissiers commencent à connaître l’itinéraire pour nous rendre visite. Et pourtant nous prenons toujours plaisir à faire de la radio, et les programmes ne sont pas trop affectés par l’ambiance. Le pire reste à venir.

Les nouveaux studios sont inaugurés en grande pompe le mercredi 19 décembre à 18 heures 30, en présence de JJ Goldman, le parrain de la station, et si l’ambiance est en surface à la fête, on sent déjà poindre comme l’ombre d’un désenchantement.

1985. La petite friture veut se faire aussi grosse que le requin de la FM
 

Cette année voit l’arrivé de NRJ à Royan au mois de mai. Historiquement RF est une radio généraliste, et une radio très écoutée par les jeunes. Du jour au lendemain tout ce qui a moins de quarante ans se branche sur « la plus belle des radios »… Pendant plusieurs jours, les téléphones restent quasi muets pendant les jeux, les émissions faisant participer les lycéens se déroulent sans eux. NRJ est à la mode, c’est la radio à écouter pour le plaisir de la découverte et surtout par snobisme. La riposte : Royan Fréquence se met à imiter NRJ ! La petite friture voulant se faire aussi grosse que le requin de la FM… Programmation musicale calquée, tapis musical permanent sur toutes les interventions au micro, y compris les informations, temps de parole réduit dans des proportions drastiques, disparition des émissions ou séquences culturelles, et nouvelle charrette de bénévoles. Il n’y a pas de sondage d’écoute réalisé sur la ville à l’époque, mais il y a pire pour l'avenir : les ressources publicitaires s’effondrent. Royan Fréquence n’est plus et ne sera plus jamais l’enfant chéri des Royannais. Mais peut-elle devenir celui des Charentais Maritimes ? La fusion-absorption de plusieurs radios du département est sérieusement envisagée, mais les négociations n’aboutissent pas…

La radio est toujours associative, mais plus aucune réunion ne se tient, et personne n’ose rien dire : les bénévoles ne veulent pas nuire aux salariés qui eux-mêmes tiennent à leur emploi…

LA FIN
 

Condamnée à survivre sur un marché publicitaire qui se restreint comme peau de chagrin, la radio commence à licencier à partir de février 1986. Les programmes s’uniformisent, la plupart des animateurs bénévoles encore présents sont progressivement écartés, l’originalité s'atténue.

À cette époque RF intensifie l'organisation d'événements d'importance, voire de prestige, dont plusieurs continuent d'exister aujourd'hui : Au Championnat du monde de billes devenu Mondial Billes, s'ajoutent des dizaines de concerts, un jubilé de foot, le Violon sur le sable, des trophées golf etc.

À partir de 1989 la station bénéficie de subventions municipales qui lui permettent de survivre sous perfusion, sur une bande FM qui se remplit de concurrents commerciaux et du service public. L’attribution de ces subventions fera naturellement dire dans le microcosme royannais que le degré d’objectivité des paroles prononcées sur RF était peut-être fâcheusement tributaire du montant des subventions, quoi qu’il en soit, la situation financière se dégrade au fil des années, et en 1994 seuls trois animateurs subsistent, et même s'ils font le maximum et le font bien, 70 % du temps d’antenne étant occupé par une banque de programmes, RF n'est plus que l'ombre d'elle-même. L’inéluctable se produit donc, la radio est vendue à la filiale d’une radio périphérique le 31 janvier 1995. Aujourd’hui, le nom a disparu mais de l’esprit du départ il reste des traces vivaces dans les souvenirs de ceux qui ont fait et écouté Royan-Fréquence. Certains des animateurs sont prêts à « remettre ça », d’autres sont malheureux comme après une rupture amoureuse, aucun n’est indifférent…

 

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