Régis Cantabeil vous parle…
…Du Dahu

 

Vous me demandez, et en quelques minutes, d’aborder ce soir la question énigmatique du Dahu alors que la Mission d’Etudes pour la Réforme Définitive de l’Etat vient de publier aux éditions j’Hachète qui vendent n’importe quoi les résultats de ses recherches fondamentales sur cet animal, animal d’ailleurs entaché de suspicion dans les milieux intellectuels mais auréolé de symbolisme mythique dans la croyance populaire. Savez-vous que, lorsque d’aimables facétieux, sous le prétexte d’abuser jusqu’à la farce un éventuel curieux néophyte en le conduisant à la chasse au Dahu, ils ne font que perpétuer des rites vraisemblablement millénaires.

Lorsque Pierre Antoine Bruno comte Daru (1) protecteur de Stendhal, daltonien renommé qui ne vit que le rouge et le noir, lorsque le comte Daru –disais-je- reçut son ordre d'exil, il décida de consacrer le reste de sa vie à la recherche d’une espèce disparue d’où curieusement son nom semblait issu (car il avait de l’étoffe).

Je ne vous ferai pas l’injure de vous rappeler que dans certaines régions du centre de la France cet animal est encore connu sous le vocable de Daru.

Les connaissances historiques du Comte Daru étaient très étendues. Curieux de nature, donc de biologie et de zoologie, il avait consacré sa thèse d’histoire à un épisode de la vie de Philoctète sur l’île de Lemnos (2) Or, tous les historiens sont d’accord pour reconnaître que Philoctète, surnommé d’ailleurs Philoctète de turc pour sa force peu commune doit sa survie aux trois seules ressources du lieu :

Premièrement au rouget de l’île
Deuxièmement à la seule substance végétale comestible et non raffinée appelée Lemnos à moelle,
Troisièmement à la seule espèce quadrupède riche en protéines de l’endroit, le Da.

Lorsque la guerre de Troie prit fin Philoctète décida de retourner à Lemnos pour ramener en Grèce en chair et en os tous les Da qu’il pourrait capturer. Précisons que le territoire grec où les couples de Da purent proliférer très rapidement devint vite trop étroit pour les contenir tous. Leur pénétration sur notre sol est attribuée à un envahisseur qui en apercevant le Da se serait écrié « quel drôle d’annibal ». Pour l’anecdote rappelons que les Da du fameux Annibal, profitant d’un moment d’inattention, dévorèrent les cartes que lui avait procuré son lieutenant favori le valeureux Ginois. Selon toute vraisemblance on peut supposer qu’il s‘agissaient des cartes à Ginois.

Mais, revenons à Philoctète de retour à Lemnos. Lorsqu’il captura le premier Da il constata combien cet animal avait la robe douce et soyeuse et décida, en guise de reconnaissance envers Ulysse venu le rechercher sur l’île, de baptiser l’animal Dahulisse.

Fait curieux et notable qui mérite d’être rapporté ici la légende transmise par voix orale affirme que, lorsque le Da s’entendit ainsi appelé pour la première fois, il se retourna vers son appendice postérieur, caudal et vibratile puis, toisant fièrement son vainqueur il lui dit d’un regard perçant « telle est ma queue » (3). Une version historique, peut-être erronée lui attribue d’avoir ajouté « ne m’ithaque pas » (4) bof ! tu me fais de la peine hé lope » (5). Il est intéressant de savoir que le comte Daru avait basé ses recherches sur deux grands axes de pensée, l’une de Pascal « deux choses instruisent l’homme de toute la nature l’instinct et l’expérience, l’autre, plus récente, de Pierre Dac « Rien n’est jamais perdu tant qu’il reste quelque chose à trouver.
Il eut raison car, après maintes péripéties, il retrouva le Dahu en Haute Moldavie Orientale où il vit toujours (en haut et à droite).

Malheureusement le comte Daru mourut bien tristement. Pressé qu’il était d’assister à l’acte sexuel et reproducteur de son animal favori (qu’on appelle de dahu-nique) il consulta sa montre qui indiquait –5 et avec cette distraction qui caractérise les savants, il s’engouffra dans la nuit polaire sous une température clémente pour la saison mais néanmoins de –52° ce qui provoqua bien entendu la congestion fatale. Il avait été violemment giflé par le froid… la calotte glaciaire avait fait son œuvre !

Les esquimaux, en hommes rudes mais bons vivants célébrèrent l’événement et burent à grands traits (de renne) puis chantèrent sur l’air de « igloo igloo ».

Billet de Régis Cantabeil 1983


Daru Pierre Antoine Bruno comte : administrateur, historien français et académicien
(1767-1829)
Île enfantée par la mère Egée (Bibliographie : les mémoires de Neptune)
Télémaque : fils d’Ulysse et de Pénélope
Pénélope : épouse d’Ulysse
Ithaque : Patrie d’Ulysse.

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